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CHAPITRE II

LE DÉSASTRE



L’ARMÉE DE MAC-MAHON. — LA MARCHE VERS LE NORD. — LUTTE ENTRE MAC-MAHON ET PALIKAO. — JULES BRAME ET TROCHU. — PROPOSITION DE TRAITER DE LA PAIX. — REFUS DE L’IMPÉRATRICE. — DÉFAILLANCE GÉNÉRALE. — LE CARNAVAL DES FRANCS-TIREURS. — MENSONGES DES JOURNAUX. — SEDAN PRÉVU. — PRÉLUDE DU FINALE. — L’INTENDANCE. — LE PRINCE ROYAL DE PRUSSE À CHÂLONS. — OÙ EST MAC-MAHON ? — LE JOURNAL Le Temps L’APPREND À L’ÉTAT-MAJOR PRUSSIEN. — LE GÉNÉRAL DE FAILLY À BEAUMONT. — L’EMPEREUR REFUSE DE QUITTER L’ARMÉE. — LE CHAMP DE BATAILLE DE SEDAN. — TROIS COMMANDANTS EN CHEF SUCCESSIFS. — L’ARMÉE FRANÇAISE ÉCRASÉE. — LE DRAPEAU BLANC. — LA CAPITULATION. — LES FORCES FRANÇAISES ET LES FORCES ALLEMANDES. — LE ROI DE PRUSSE PRÉVOIT LA CONTINUATION DE LA GUERRE. — ENTREVUE À DONCHERY. — ÉTAT MORAL DE PARIS. — ON PROPOSE LA PRÉSIDENCE DU CONSEIL À THIERS. — « SOLDAT, CATHOLIQUE ET BRETON. » — POUR RÉDUIRE PARIS, LA FAIM SUFFISAIT.



DANS son emportement, Brame était un sage. Il savait que l’on avait adopté une mesure désastreuse, qu’il avait combattue vainement. L’armée de 100 000 hommes, reformée au camp de Châlons par le maréchal duc de Magenta, venait de recevoir une destination où elle devait se perdre et jeter la France à travers de formidables complications. Dans la pensée de l’Empereur, dans celle du général Trochu, dans celle de Mac-Mahon, cette armée, composée de recrues nouvelles et de soldats démoralisés par la défaite de Wœrth, était destinée à se masser sous Paris, de façon à retarder l’investissement et à ménager aux contingents que l’on réunissait le temps de se grouper derrière la Loire et la Garonne.

Ce projet était bon sous le double rapport politique et militaire ; s’il eût été adopté, bien des malheurs sans doute nous eussent été épargnés ; Paris, défendu par une armée dont