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de gêne excessive dans un domicile trop étroit ; mais il faut bien qu’elle y reste jusqu’à ce que le médecin ait fait la constatation légale, un jour au moins, trois au plus. Si au contraire on doit envoyer l’enfant à la nourrice par une amie complaisante ou par une femme que l’on paye en conséquence, la mère fort dolente, qui ne veut ou ne peut nourrir, reste en tête-à-tête, seule, avec un nourrisson qui crie, souffre et se démène ; le père est au travail ; il n’y a pas de domestique, la portière monte de temps en temps, mais n’est pas d’un grand secours, il faut toujours attendre le médecin, et tout le monde en pâtit. En outre, bien souvent, lorsque le certificat est remis au père, qui peut très-bien être un illettré et n’avoir jamais entendu parler des articles 55 et 56 du Code civil et 346 du Code pénal, le pauvre homme s’imagine que tout est bien, que cette paperasse est l’acte de naissance même de son enfant et qu’il n’y a plus aucune formalité à remplir. Les trois jours s’écoulent ; on est passible d’une amende, d’un emprisonnement même, et il faut aller devant le tribunal faire régulariser une situation que l’on croyait régulière. La constatation à domicile, qui a été imaginée pour plaire aux gens pauvres qui n’ont point de voiture pour transporter leur enfant à la mairie, leur est au contraire préjudiciable, et ce serait peut-être leur rendre service que de rétablir la présentation directe, telle qu’elle était pratiquée avant 1869[1].

  1. Un critique des plus autorisés, M. Alexandre Sorel, a fait à l’opinion que je viens d’émettre une objection sérieuse que je dois reproduire, car elle indique le moyen de remédier facilement aux inconvénients que j’ai constatés : « M. Du Camp, dit-il, signale, à propos de la constatation des naissances, telle qu’elle s’exécute aujourd’hui au moyen de la visite d’un médecin envoyé par la mairie, certains inconvénients qui lui font désirer le retour à l’ancien état de choses, où l’enfant devait être présenté à l’officier de l’état civil lui-même. Mais que l’auteur me permette de le lui dire, les inconvénients qu’il indique tiennent plutôt à un certain laisser-aller de l’administration et à la faculté donnée au médecin de prendre son temps et son heure pour aller visiter le nouv-