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entre en France ; le désespoir du mois d’août se lit dans les tables d’avril 1871, qui descendent à 3 299 ; au milieu de septembre, la ville est fermée, la vie devient difficile ; à mesure que les jours passeront, les forces de la population iront s’affaiblissant ; on dirait que les pauvres petits êtres se refusent à venir dans ce monde fait de perturbation et de violence ; octobre fournit 2 965 à juin 1871 ; novembre va jusqu’à 3 001, qu’on inscrit à juillet. Décembre, qui fut le mois des grands froids et des durs combats, s’arrête pour août à 2 429 ; janvier 1871, où l’on souffrit tant, où tout manqua, le pain et l’espérance, tombe au misérable chiffre de 1 729, qui s’inscrit au mois de septembre ; octobre est bien bas encore, on n’y compte que 1 875 naissances ; novembre et décembre se relèvent un peu ; pour trouver un chiffre régulier, il faut attendre janvier 1872, qui déclare 4 238 enfants correspondant au mois de mai, pendant lequel disparut la Commune. Malgré l’absence de police dans Paris, malgré une liberté dégénérée en licence, la proportion des enfants naturels ne dépasse guère la moyenne ordinaire, car sur les 37 410 naissances on n’en trouve que 9 715 qui soient illégitimes.

Tout enfant doit être déclaré à la mairie de l’arrondissement sur lequel il est né ; la loi accorde un délai de trois jours pour remplir les formalités prescrites. Si on le laisse écouler, un jugement du tribunal de première instance peut seul constituer un état civil régulier pour le petit retardataire ; ce cas se produit assez rarement, grâce aux employés qui talonnent l’insouciance des parents. Autrefois l’enfant était apporté à la mairie, escorté de deux témoins qui certifiaient son origine ; on a prétendu que cette sorte de promenade était préjudiciable aux nouveaux-nés, et maintenant les constatations se font à domicile par un