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des révélations que nous aurons à faire valoir lorsque nous nous occuperons spécialement du Parisien, être peu connu et trop souvent calomnié par ceux qui en parlent sans l’avoir étudié.

Comme dans beaucoup d’autres grandes villes, le nombre des hommes dépasse légèrement celui des femmes[1]; si à Paris chacun cherchait et trouvait « sa compagne », 2 656 resteraient dépourvus. Ceci n’est pas à craindre, car la population semble se diviser en deux parties à peu près égales, 948 877 célibataires des deux sexes, et 902 915 mariés ou veufs. Il n’y a donc que la plus faible moitié du groupe parisien qui concourt légitimement à l’accroissement de la population ; aussi les naissances ne sont point en rapport avec la totalité des habitants ; c’est là un danger grave qui peut compromettre l’avenir et qui n’existe pas seulement pour Paris, car il est commun à toute la France. Les économistes se sont souvent préoccupés de cette question, et ils ont poussé plusieurs fois des cris d’alarme qui n’ont point été entendus. L’intérêt personnel domine et fait oublier l’intérêt général. On sait que l’Angleterre double sa population en cinquante-deux ans, la Prusse en cinquante-quatre, et que pour obtenir les mêmes résultats la France emploie cent quatre-vingt-dix-huit ans. À propos du dernier dénombrement, M. le docteur Lagneau a lu à l’Académie de médecine un mémoire qui est fait pour effrayer, et devrait donner à réfléchir ; le recensement quinquennal précédent, clos en 1866, avait établi que dans une période de cinq ans la population de la France avait augmenté de 38 habitants pour 10 000, ce qui est une proportion très-faible ; mais le recensement de 1872 nous réservait une surprise singu-

  1. Le contraire a lieu pour Londres, Vienne, Bruxelles, Naples, Lyon, Bordeaux, etc. Pour Lyon, le recensement de 1872 donne 156 700 hommes et 166 717 femmes.