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transaction consentie exige le plus souvent une somme supérieure à l’amende que la police correctionnelle eût infligée.

Que des industriels de bas étage, chez lesquels l’âpreté au gain immodéré a oblitéré le sens moral, aient recours à de pareils moyens, cela se comprend, et tôt ou tard du reste ils finissent par être pris la main dans le sac et par rendre gorge ; mais avec quelle sévérité ne devons-nous pas juger ces hommes riches, honorés, qui ne se font aucun scrupule de frauder l’octroi ? C’est là, il faut le reconnaître, une des plaies de notre société : elle s’ingénie à éluder la loi et cherche à frauder le fisc, comme au mauvais temps des gabelles. La fraude faite par les voyageurs qui débarquent à Paris dans les gares de chemin de fer dépasse toute proportion ; ceux-ci abusent d’une façon indécente des ordres que l’administration transmet à ses préposés ; elle recommande une extrême discrétion, d’éviter tout ce qui peut amener un retard ; au milieu des deux cents colis jetés sur les tables des salles de bagages, on n’en visite très-sommairement que deux ou trois à peine. Aux guichets de sortie, la foule se tasse, et les préposés impuissants la laissent passer. Une telle conduite, qui devrait développer dans le public une probité scrupuleuse, produit le résultat opposé ; chacun se dit : Ah bah ! il y a trop de monde, on n’y verra rien ; et alors, sans vergogne, des hommes bien élevés, des femmes du monde qui exigent chez les autres des principes de délicatesse dont ils font bon marché pour eux-mêmes, cachent dans leur paletot ou sous leur mantelet toute sorte d’articles sujets aux droits. Lorsqu’on leur fait une observation amicale à cet égard, ils répondent invariablement : C’est si ennuyeux d’attendre !

Pendant la durée de la chasse, c’est un véritable scandale ; chacun cherche à dissimuler le perdreau ou