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pour ne point perdre leur prestige, de patronner une candidature qui bien souvent porte préjudice à la cause qu’ils défendent.

Qu’il y ait quelque part un conclave, c’est le mot usité, composé de trois membres, qui, au moment des élections, fait un choix déterminé par des considérations qu’on ne fait pas connaître, je n’en doute guère ; mais que ce conclave soit en rapport avec les délégués des ouvriers, que les délégués imposent leur volonté aux chambres syndicales, que les commissions la transmettent aux ateliers, — non. Il suffit simplement aux membres du conclave de disposer d’un journal et d’y lancer la candidature sur laquelle ils se sont fixés ; si cette candidature est plus accentuée que toute autre dans le sens de l’opposition à outrance, elle sera immédiatement accueillie et unanimement soutenue par le corps du prolétariat, agissant dans ce cas comme un seul homme, pour frapper une société qu’il ne veut plus supporter. C’est l’histoire de l’élection Barodet que je viens de raconter. Le jour où l’on saura comment et par qui elle a été mise en avant, quel est le parti qui l’a imaginée et quel est le parti hostile au premier qui l’a fait triompher en lui donnant l’appui de ses journaux, on entendra plus d’un éclat de rire.

La politique proprement dite est absolument indifférente au peuple de Paris : empire, monarchie, république lui importent peu ; s’il penche vers celle-ci, c’est parce qu’elle ouvre nécessairement la porte à plus d’un hasard dont on peut profiter. Il a raison lorsqu’il dit que ce sont là des formes extérieures qui ne touchent en rien au fond des choses. Il est toujours de l’opposition, non pas politiquement, mais socialement. Démocrate par théorie, démagogue par instinct, il secoue de toutes ses forces et par tous les moyens dont il dispose les conventions sociales sous lesquelles il se