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détruire ; elle n’a d’autre privilège que celui de travailler, de jouir en paix de sa fortune acquise et de léguer celle-ci à ses enfants. Ce que l’on veut atteindre violemment chez elle, c’est la richesse, produit de son labeur et de son épargne ; il faut employer le terme usité en pareil cas : c’est le capital. On dit qu’il constitue un privilège exorbitant : c’est un privilège sans réalité et absolument fictif ; car aussitôt qu’on l’attaque ou seulement qu’on l’inquiète, il disparaît, se fond, s’exile et ne laisse à sa place que d’inconcevables déceptions ; lorsque l’on tente de s’en emparer, on ne trouve plus rien. Le tableau des fonds publics, pendant les jours de troubles, contient des enseignements qui, par malheur, ne servent à personne ; à la fin du Directoire, le 5 pour 100 était à 6 francs, c’est-à-dire que pour un capital une fois versé de 6 francs on avait droit à 5 francs de rente. Le même fait, et plus grave encore, se reproduirait infailliblement si les fantômes qui s’agitent dans certaines cervelles prenaient un corps.

Les hommes qui cherchent à se grouper pour parvenir au but coupable qu’ils poursuivent, ont choisi un emblème ; ils ont pensé que le drapeau tricolore qui a mené au combat les soldats de 1792, que le chef couronné de la révolution française a planté sur toutes les capitales de l’Europe, qui a abrité les dix-huit années pacifiques de Louis-Philippe, que le général Cavaignac a tenu d’une main si intègre, qui a flotté sur Sébastopol démantelée et sur la tour de Solférino, qui, par ses trois couleurs réunies, symbolise la fusion des trois ordres, ils ont pensé que ce drapeau ne suffisait pas à exprimer les tendances où ils se laissent entraîner, et ils ont arboré le haillon couleur de sang, qui signifie destruction à outrance. Emblème de déception et d’appauvrissement, car ceux qui possèdent font vivre, par le travail rémunéré, ceux qui ne possèdent pas. L’inéga-