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pousse le respect des lois comme une faiblesse, sinon comme une lâcheté.

Toutes nos révolutions, toutes nos insurrections se sont engendrées les unes les autres ; le droit divin, la souveraineté nationale, qui sont les deux seuls principes à l’aide desquels jusqu’à présent on a gouverné les hommes, ont eu des fortunes pareilles ; en janvier 1793, le peuple de Paris a décapité le droit divin, il l’a chassé en juillet 1830 ; vingt fois pendant la période révolutionnaire, le 15 mai 1848, le 4 septembre 1870, il a violé et brisé la souveraineté nationale. Les deux principes se sont anéantis sous ces coups répétés ; le peuple de Paris n’y croit plus guère, car il sait par expérience comment il faut s’y prendre pour les renverser. En réalité, le nombre est le maître ; or c’est là un danger très-redoutable, car à Paris le nombre, le nombre immense est facile à émouvoir.

Les gouvernements semblent savoir cela et ne plus même lutter contre un sort qui entre pour une bonne part dans leurs prévisions d’avenir ; plus nous allons, moins les révolutions sont sanglantes, mais plus les revendications insurrectionnelles qui les suivent fatalement sont terribles ; la révolution de Juillet, longuement disputée, prolongea ses vibrations par quelques émeutes dont on vint aisément à bout ; la révolution de Février, faite en un tour de main, devant une armée ahurie qui distribuait ses cartouches et mettait la crosse en l’air, eut pour résultat l’insurrection de juin, qui, dans ce temps-là, nous parut considérable ; la révolution du 4 septembre, habilement préparée entre compères, enlevée à l’émotion d’un peuple stupéfait, auquel on n’opposa même pas une tentative de résistance, enfanta ce monstre du 18 mars qui, après deux mois d’alcoolisme, s’effondra dans l’incendie de Paris.

Ce phénomène étrange peut s’expliquer. — D’abord,