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les écoles gratuites où les sœurs de Charité déploient un zèle qui semble abstrait, tant il a ses racines aux plus pures facultés de l’âme ; les sœurs de l’Espérance veillent au chevet de nos malades, les sœurs de l’Assistance maternelle apaisent les vagissements des nouveaux nés, les sœurs de Marie Joseph gardent Saint-Lazare, les dames de la Compassion surveillent la maladrerie de Lourcine[1], les dames de Saint-Thomas de Villeneuve parlent d’espérance aux repenties du Bon-Pasteur. Partout où il y a du bien à faire, une misère à soulager, une souffrance à endormir, on voit quel qu’une de ces femmes revêtues de l’habit monastique. La Commune, comme la Terreur, chassa les filles de Saint-Vincent-de-Paul ; pendant ces tristes jours, les sœurs gardes-malades avaient été obligées de prendre le costume laïque pour pouvoir circuler impunément dans les rues de Paris.

Pendant cette période, les églises ne furent point épargnées. Le soir elles étaient converties en clubs. On y fumait, on y buvait, et, du haut de la chaire, plus d’une citoyenne y réclama, entre deux hoquets avinés, l’émancipation de la femme. Les haines sans merci, extravasées depuis longtemps dans des cœurs envieux, crevèrent comme un abcès. Le prêtre était persécuté par une vingtaine d’énergumènes que suivait la foule imbécile. Des archevêques, des curés, des moines furent traqués comme des fauves, arrêtés, emprisonnés et enfin massacrés au moment où la délivrance s’avançait vers eux. Le chemin de ronde de la Roquette, le jardin de la rue Haxo, la maison des Dominicains ont vu tomber ces martyrs.

  1. On a beaucoup discuté sur l’origine du mot Lourcine ; la rue de ce nom a été ouverte sur un emplacement où l’on jetait les immondices et les cendres des habitations voisines ; Lourcine garde ce souvenir et est la contraction de l’appellation première : Locus cinerum.