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veau enroulé autour de la Halle au Blé et dégagerait notre hôtel des Postes, dont la situation actuelle et l’insuffisance sont une honte pour un peuple civilisé. L’avenue du Maine, réunie à la rue de Solférino, compléterait en partie les améliorations dont le faubourg Saint-Germain a besoin. Mais il en est une qui est urgente et à laquelle il serait temps de penser.

Le boulevard Saint-Germain est inachevé ; une de ses amorces vient se perdre dans la rue Hautefeuille comme dans un cul-de-sac ; l’autre expire au seuil de la rue de Bellechasse. Entre ces deux points, c’est un dédale laid, mal pavé, qui demande du soleil, de l’air et quelque facilité de circulation. Si l’on a le courage d’aller se perdre dans les rues qui entourent l’École de médecine, si étroite, si misérable qu’elle en est ridicule, si l’on parcourt les rues Larrey, Mignon, des Poitevins, du Jardinet, si l’on regarde dans l’impasse du Paon et dans la cour de Rohan, on comprendra qu’il n’est plus permis d’hésiter et qu’il faut, au plus vite, jeter bas ces truanderies qui déshonorent la rive gauche, comme la rue de Venise, la rue des Filles-Dieu et tant d’autres déshonorent la rive droite[1].

La même nécessité s’impose pour l’avenue de l’Opéra : amorce d’un côté, amorce de l’autre, entre les deux une gibbosité sillonnée de ruelles mal famées qui n’aboutissent nulle part. Le projet primitif fut plus qu’exagéré, il touchait à l’impossible. Mettre de niveau les Tuileries et le nouveau théâtre de l’Opéra, ce n’était pas entasser Ossa sur Pélion, mais c’était rêver l’inverse. Pour parvenir à ce résultat, il fallait enlever cet ancien dépôt d’immondices au pied duquel était situé jadis le marché aux Pourceaux, et qui est devenu la butte

  1. Le prolongement du boulevard Saint-Germain entre la rue Hautefeuille et la rue de Rennes a été décidé ; les expropriations sont faites et les démolitions ont commencé (octobre 1875).