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extrême de prix inaugurée par certaines pharmacies nouvellement installées. Parmi les apothicaires comme parmi les médecins, il y a des savants de premier ordre ; la justice les appelle souvent à son aide et les grandes sociétés savantes ont été fières de les accueillir. Quelques-uns se sont détournés de leur voie ; fatigués de rouler la pilule, ils sont devenus hommes politiques et ont pu s’improviser législateurs, car Molière est mort depuis longtemps.

Les différentes catégories dont on vient de parler vivent toutes d’un travail quelconque. Celle qui subsiste exclusivement de la propriété héritée ou acquise, « c’est le cas le plus fréquent, — par suite d’un labeur heureusement récompensé, est singulièrement restreinte, et ne correspond guère aux envieuses récriminations dont elle a été l’objet. 16 256 propriétaires et 54 872 rentiers n’ayant d’autres moyens d’existence que leurs revenus constituent cette classe si jalousée, dont la fortune ou la simple aisance est presque toujours le résultat de la bonne conduite, de la persévérance et de l’économie. Ces 71 128 personnes pourvoient aux besoins de 154 599 individus qui sont de leur famille ou à leur service, et parmi lesquels il convient de compter 35 469 portiers ; la garde des loges et le soin de tirer le cordon font seuls vivre 61 794 personnes.

La difficulté de la vie parisienne, lorsqu’un métier ne vient pas à son secours, est démontrée par ce fait que les retraités, les pensionnés, les réfugiés à la solde de l’État, n’exerçant aucune profession, sont au nombre singulièrement minime de 3 296. La plupart de ceux qui, après de longs services, obtiennent, sur le Trésor public, la pension à laquelle ils ont droit, et dont le maximum, à moins d’une loi spéciale, ne peut jamais dépasser 6 000 francs, vont chercher une existence facile à la campagne, dans quelque bourgade de pro-