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pour subsister au jour le jour ; quelques-uns cependant s’élèvent au-dessus de cette humble moyenne, et l’on voit à Paris, comme dans toutes les grandes capitales, des gens qui sont du monde, vivre sans ressources normales comme s’ils avaient deux cent mille livres de rente, et se soutenir sur ce pied pendant une longue existence avec le jeu de bourse, le jeu de cercles, les paris de courses et quelquefois aussi avec les économies d’une danseuse. « On ne doit pas manquer de respect à sa pauvreté, » a dit Juvénal. Les acrobates, les charlatans, les montreurs de bêtes curieuses sont bien moins nombreux, car l’on n’en compte que 424.

Les professions libérales nourrissent 194 829 personnes, ce qui serait trop considérable si la statistique n’avait souvent des façons de procéder qui déroutent les opinions reçues et demandent explication. Dans ce chiffre, tout ce qui vit des cultes reconnus, de l’armée, des administrations publiques, de la magistrature, de l’enseignement, forme un total de 125 360 individus, auxquels il convient de joindre 17 515 hommes de peine, garçons de bureau, journaliers qui en relèvent ; il ne reste donc que 51 954 à l’avoir des professions libérales ; c’est encore beaucoup, car on n’en vit pas toujours et souvent l’on en meurt. Les savants et les lettrés sont comptés pour 1 878 ; les artistes peintres, sculpteurs, compositeurs, acteurs, pour 9 420, dont 2 058 femmes ; ces 11 292 personnes pourvoient aux besoins de 12 191 autres. Il y a un détail touchant : les 1 878 lettrés n’ont à eux tous que 808 domestiques ; en revanche, les parents qu’ils soutiennent du prix de leur travail sont au nombre de 2 258.

Les discussions d’intérêts privés, la criminalité, les délits qui doivent comparaître devant la justice entraînent un gros personnel : nous avons raconté précédemment comment la Cour d’assises procède envers les