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portance, car il lui donnait le noyau d’une bibliothèque essentiellement parisienne ; il ne s’agissait plus que de développer ce germe excellent, et c’est à quoi l’on s’est empressé.

L’administration a bien fait les choses et l’argent n’a pas manqué. À la Préfecture de la Seine et au Conseil municipal, tout le monde a compris que Paris devait avoir sa bibliothèque à lui, et qu’elle devait être digne de la grande ville, que l’on calomnie d’autant plus volontiers qu’on l’envie davantage. En 1873, l’hôtel Carnavalet fut remis en partie à M. Jules Cousin, nommé bibliothécaire de la Ville ; la bibliothèque — notre bibliothèque à nous autres Parisiens — a été ouverte le 1er janvier 1874. Elle est bien jeune, comme on le voit, mais elle contient déjà 26 000 volumes ; 50 000 suffiront si on la maintient dans d’étroites limites et si on la force à se restreindre aux matières qui concernent exclusivement Paris ; ce serait bien strict et mal reconnaître l’influence que Paris a exercée sur l’histoire générale et sur les mœurs universelles par la Sorbonne, l’Université, les maîtrises, le théâtre et la littérature ; nous pensons donc que notre bibliothèque, tout en s’appuyant sur un fonds parisien aussi complet que possible, doit accueillir avec un large discernement les ouvrages où les sciences, les arts, la philosophie, l’histoire de la France et des autres nations, nous apportent un ensemble d’observations dont Paris peut tirer profit. Il faut aussi nous souvenir de notre passé d’hier ; nos monuments détruits prouvent qu’il est bon de multiplier ces réserves de l’étude ; plus nous en posséderons, plus nous diviserons nos richesses et plus nous aurons chance de les sauver à l’heure des cataclysmes. Que l’on compte ce que nous avons perdu depuis 1830, au sac de l’Archevêché, du Palais-Royal, des Tuileries, pendant la Commune, et l’on comprendra que, si cela continue,