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lorsqu’elle disparut, elle n’était plus bonne à rien. Celle que l’on forme à cette heure n’aura pas le même sort, car elle est loin de l’Hôtel de Ville, et il faut souhaiter ardemment qu’elle n’y entre jamais, lorsque celui-ci sera terminé.

Elle a son local à elle, un peu étroit, mais bien distribué et approprié d’une très-convenable façon ; elle occupe une maison historique que madame de Sévigné a longtemps habitée et d’où elle a daté bien des lettres, l’hôtel Carnavalet, dont le véritable nom devrait être Kernevenoy. Après bien des fortunes, après avoir été une institution d’enseignement, cet hôtel fut acheté par la ville de Paris, car il est d’une architecture intéressante, consacre le souvenir d’une des gloires littéraires de la France et est orné de sculptures de Jean Goujon. Il fut restauré, débarrassé de toutes les constructions parasites et hideuses que les nécessités du pensionnat y avaient accumulées ; il garde près de lui un terrain que l’on pourra facilement utiliser et il s’ouvre sur l’ancienne rue Culture-Sainte-Catherine, qui est devenue la rue Sévigné.

Pour créer une nouvelle bibliothèque après les désastres de la Commune, il ne suffisait pas d’avoir un hôtel, il fallait avoir des livres et l’on n’en possédait pas un. M. Jules Cousin, bibliothécaire à l’Arsenal, bibliophile érudit, avait depuis longtemps consacré tous ses soins à former, pour lui-même, une collection d’ouvrages relatifs à Paris ; il avait réuni, avec une peine et des recherches excessives, un fonds de 5 104 volumes. Dès le mois de juillet 1871, il les offrit courtoisement à la Ville, qui les accepta. Ce fut le point de départ ; il y en eut de plus humbles : rappelons-nous le lot de 600 volumes par lequel le cardinal de Larochefoucauld inaugura la bibliothèque Sainte-Geneviève. M. Jules Cousin faisait en réalité à la Ville un cadeau d’une extrême im-