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en lecture. Ces livres, sur lesquels J.-J. Rousseau a cité un mot qu’on n’a point oublié, forment une sorte de musée secret, bien restreint du reste ; 730 volumes représentant 340 ouvrages constituent l’œuvre que la pornographie est parvenue à produire depuis l’invention de l’imprimerie : c’est à l’honneur de l’esprit humain.

La Bibliothèque, pour faciliter le service des imprimés, très-pénible et exceptionnellement chargé, s’est divisée en deux parties distinctes, que l’on pourrait appeler le travail et la lecture. Au travail elle offre une salle immense, garnie de 328 places ; prévoyante, jusqu’à faire passer un courant d’air chaud sous les pieds du lecteur ; vaste, soutenue par de sveltes piliers de fonte, décorée de peintures un peu froides, éclairée d’un jour diffus très-pénible aux yeux, et plafonnée de coupoles qui l’ont fait surnommer la Mosquée. C’est là que sont reçus ceux qui travaillent — ou font semblant. On n’y est admis qu’après avoir obtenu une carte particulière, qui n’est jamais refusée. Là tous les livres sont communiqués sans restriction. Une autre salle, moins ample, mais où les jours de côté sont très-favorables, est réservée à la lecture, c’est-à-dire aux flâneurs, aux désœuvrés qui, pour tuer le temps, prennent un livre, n’importe lequel ; c’est là que l’on demande : Ivan et Noë, par Walter Coq, et le Dictionnaire des Capricieuses, par Somaize ; là on écrit sur le bulletin : Gauthier, Kharr, et même Volthaire ! L’h joue un grand rôle chez les gens qui ne savent pas l’orthographe. Vingt mille volumes appartenant à cinq ou six mille ouvrages connus jusqu’à la banalité suffisent largement aux exigences les plus inattendues.

Ce n’est ni de la salle de travail, ni de la salle de lecture que l’on peut prendre une idée du département des imprimés ; il faut, guidé par la bonne grâce et par