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méthodiquement et brillant dans une discrète lumière, rappellent les contes de fées. Le département des manuscrits est divisé par langues : manuscrits chinois, manuscrits hindous, manuscrits arabes, persans, grecs, latins, italiens, espagnols, français ; l’univers entier est représenté là par plus de 100 000 volumes, dont 8 000 au moins, ornés de miniatures, sont des pièces uniques. Ces trois départements sont assez restreints ; leurs richesses sans pareilles n’exigent pas un emplacement considérable, et l’on a pu les rassembler dans des locaux relativement étroits ; il n’en est pas ainsi du département des imprimés : celui-là est impérieux, il déborde, il augmente chaque jour, car chaque jour il reçoit les versements de ses propres acquisitions et de ce que l’on nomme le dépôt légal : environ 25 000 volumes par an[1].

Combien la Bibliothèque nationale contient-elle de volumes ? C’est la question invariablement posée par tous ceux qui s’en occupent, par tous ceux qui la visitent. Il est impossible d’y répondre. D’abord, le nombre varie incessamment, ainsi qu’on vient de le voir, puisque la Bibliothèque reçoit légalement un exemplaire de tout ce qui est imprimé en France, aux colonies, en Algérie et même en Nouvelle-Calédonie : jusqu’à présent celle-ci n’abuse pas du droit de typographie ; elle a même droit aux étiquettes, aux affiches, aux prospectus, en un mot à tout ce que le langage des typographes appelle des bilboquets ; on lui en fait grâce, fort heureusement, car sans cela les œuvres sérieuses disparaîtraient bientôt sous le flux incessant de ces inutilités ; elle a déjà bien assez des romans frivoles, des recueils de chansons et de toutes les sornettes qui viennent se couvrir de poussière sur ces rayons trop encombrés.

  1. Le dépôt légal a été en 1869 de 12 269 ouvrages (à deux volumes en moyenne) et de 3 749 œuvres musicales.