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revêtus de reliures admirables, en font aujourd’hui un dépôt singulièrement riche, dans lequel on peut être certain de trouver toutes les poésies que la France a publiées.

Sainte-Geneviève est sur la place du Panthéon, dans un vaste bâtiment spécialement construit pour elle et qui fut inauguré aux premiers jours de 1850. Elle date des Génovéfains. Lorsque, en 1624, le cardinal de Larochefoucauld fut nommé abbé commendataire de la célèbre abbaye, il n’y aperçut pas un livre ; il fit apporter environ 600 volumes qui étaient sa propriété particulière, et ce fut là l’embryon de cette grande bibliothèque, qui devint propriété nationale pendant la Révolution. Elle renferme 120 000 volumes et plus de 3 000 manuscrits ; sa collection d’Aldes et d’Elzeviers a un renom universel ; parmi ses raretés, elle conserve jalousement un portrait de Marie Stuart donné par elle-même aux religieux de Sainte-Geneviève, et la seule image connue de cette mulâtresse, fille naturelle de Louis XIV, qui fut la religieuse de Moret.

La Bibliothèque par excellence, celle qui, selon les temps, est royale, impériale ou nationale, s’ouvre place Louvois ; elle forme un vaste îlot bordé par les rues Richelieu, Vivienne, des Petits-Champs et de l’Arcade-Colbert. On agita la question de la déplacer, il y a une vingtaine d’années, et de l’enlever aux risques d’incendie que lui fait courir le voisinage des habitations de ce quartier exceptionnellement peuplé ; on voulait, pour assurer à jamais son existence, l’installer au Louvre. Les difficultés du transbordement, les dégâts qu’auraient infailliblement subis tant d’objets précieux firent renoncer à ce projet si sage et si prudent en apparence. S’il eût été mis à exécution, que seraient devenues tant de richesses ? Elles se seraient envolées dans les flammes de l’incendie avec « le trésor de Noailles », les