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S’il est inutile d’en raconter le fonctionnement avec détail, on doit du moins les indiquer sommairement, car ils appartiennent aux habitudes de Paris. L’ardeur intellectuelle, la curiosité du plaisir sont impérieuses, et il faut les satisfaire. Une nombreuse agglomération d’hommes ne vit pas seulement de sécurité et de salubrité ; elle a droit à bien des choses encore qu’elle produit elle-même, qu’elle perfectionne, qu’elle fait entrer dans ses mœurs ; elle affirme ainsi la hauteur du niveau qu’elle marque à l’étiage de l’humanité.

On peut dire, sans exagérer, que plus un peuple a de besoins, plus il est civilisé, car la civilisation est la résultante de l’intelligence et des exigences de tous. Se figure-t-on Paris sans théâtres, sans bibliothèques, sans journaux ? Il deviendrait promptement semblable à ces villes endormies qui végètent sur les bords des fleuves de l’Orient, et où les esprits les plus vifs n’ont d’autres distractions que la pipe d’opium chargée de rêves énervants. Malgré les efforts des autorités tutélaires déléguées aux soins généraux, que serait Paris s’il n’avait pas de surveillants auxiliaires chargés de neutraliser les effets de ses imprudences et de mettre de l’ordre jusque dans ses plaisirs ? Les administrations publiques, les institutions particulières, les individualités donnent vie à ces organes accessoires, dont nous allons essayer de parler.

Paris est incontestablement la ville du monde qui possède le plus de théâtres : quarante et une salles de spectacle, dont les recettes se sont, en 1873, élevées à la somme de 16 108 719 fr. 85 c.[1], s’ouvrent chaque soir au public, et dix-sept autres, situées dans des quartiers voisins des fortifications, donnent une ou deux représentations par semaine. Il y en a pour tous les goûts ;

  1. Voir pour la question du droit des pauvres, chap. xix, l’Assistance publique, t. IV.