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l’église, enlever les monuments funéraires, jeter bas les cent soixante-cinq arcades et les charniers qu’elles supportaient, déplacer les ossements, enlever les terres pourries et fouir le sol assez profondément pour éviter tout danger futur. Il s’adressa à la Société royale de médecine, qui délégua une commission où se trouvent les noms de Vicq d’Azyr et de Fourcroy, et dont Thouret fut le rapporteur. Celui-ci fut chargé de surveiller et au besoin de diriger l’opération. On ne perdit pas de temps : la commission, nommée en octobre 1785, était à l’œuvre dès le mois de décembre.

Il y eut trois périodes de travail : de décembre 1785 à mai 1786, de décembre 1786 à février 1787, et d’août à octobre de la même année. Les escouades d’ouvriers se relayaient, car on était à la besogne jour et nuit. Cependant il avait fallu trouver une nouvelle sépulture pour les ossements qu’on allait exhumer. On imagina de créer ce que l’on nomma alors un cimetière souterrain ; on utilisa pour cet objet les longues galeries où jadis on exploitait la pierre et d’où sont sorties la plupart des constructions du vieux Paris. Une sorte d’entrée fut préparée à la Tombe-Issoire ; cette nouvelle nécropole fut consacrée par le clergé dans la journée du 7 avril 1786 ; ce sont les catacombes. C’est là que l’on transporta tout ce que l’on ramassa alors aux Innocents ; les prêtres accompagnaient les chariots funéraires, qui partaient ordinairement du quartier des Halles vers la fin du jour et arrivaient, la nuit tombée, à l’emplacement indiqué.

Le rapport de Thouret nous dit dans une phrase un peu prétentieuse comment on procédait pour installer les morts dans la demeure qu’on leur avait choisie au milieu de nos anciennes carrières. « L’aspect de ce lieu souterrain, ses voûtes épaisses qui semblent le séparer du séjour des vivants, le recueillement des assis-