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Française : Premières loges, 6 francs 60 centimes : 6 francs pour le théâtre, 60 centimes pour les pauvres ; parterre, 2 francs 20 centimes : 2 francs pour le théâtre, 20 centimes pour les pauvres. Nul alors ne pensait à réclamer contre cet impôt somptuaire ; mais pour faciliter la circulation à l’entrée des théâtres souvent encombrée, pour éviter aux spectateurs l’ennui de se transporter d’un guichet à un autre, on a réuni les deux bureaux en un seul, et l’entrepreneur de spectacle a fait acte de perception pour son propre compte et pour celui de la caisse hospitalière.

De cette confusion matérielle de deux opérations parfaitement distinctes, on a essayé de tirer parti, et l’on a tout simplement dit à l’Assistance publique qu’on ne lui devait rien, qu’on ne lui donnerait rien. Une telle prétention, si peu fondée, démentie par la simple lecture des textes et par la plus vulgaire moralité, a trouvé des défenseurs. On n’a pas voulu voir que le spectateur, en payant le prix de sa place, acquitte en même temps un droit fixe réservé aux indigents, exactement comme le voyageur qui prend un billet dans une gare solde du même coup l’impôt dont l’État a frappé le transport des personnes en chemin de fer. On a demandé aussi que le droit des pauvres ne fût prélevé que sur les bénéfices nets, et un directeur en faillite a dit à ses créanciers en leur montrant ses comptes : « Je vous dois 300 000 francs ; mais si je n’avais été forcé de donner 400 000 francs pour les pauvres, vous seriez payé et j’aurais 100 000 francs à moi. » L’argumentation est absolument fausse, car si le droit des pauvres n’eût pas existé, l’entrepreneur n’aurait pas reçu les 400 000 francs qu’il a perçus et versés pour eux. Si la taxe n’était acquittée que sur les bénéfices et non sur la recette brute, tout négociant pourrait refuser de payer l’impôt qui frappe son commerce spécial, sous prétexte qu’il ne fait pas