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ler des romances sentimentales et prétentieuses. Bien souvent on a voulu l’arracher à cet étrange métier ; elle-même elle a maintes fois promis d’y renoncer ; quelque chose de mystérieux la pousse, qui la rejette sur les pavés ; elle reprend le cahier de chansons et sa vie de bohème. Il paraît qu’à tout âge on peut subsister de cette singulière profession, car il y a un vieux bonhomme de soixante-dix-huit ans qui, s’accompagnant d’une guitare et chantant d’une voix chevrotante, presque éteinte, trouve moyen de se faire un revenu régulier de 45 francs par mois. Du reste, pour beaucoup de gens, c’est un vrai métier, et il y en a qui l’exercent de père en fils.

Est-ce parmi les mendiants, les musiciens ambulants, les bateleurs ou les vagabonds qu’il faut ranger ces petits Italiens qui, depuis quelques années surtout, pullulent dans nos rues ? On ne sait, en vérité, car ils appartiennent à chacune de ces espèces ; ils reçoivent des aumônes, ils jouent de la harpe et du violon, ils montrent des marmottes ou des singes, et bien souvent la nuit on les ramasse pelotonnés sous les bancs du boulevard, contre le parapet des quais, sur le seuil des portes cochères. Cette sorte de mendicité semble douée d’une force d’inertie ou d’une habileté de persistance qui lasse le public, la police, les tribunaux et même la diplomatie.

Il y a longtemps que l’on s’en plaint. Dès le 18 septembre 1824, une décision prise par M. de Corbière, alors ministre de l’intérieur, autorisait la translation à la frontière de ceux de ces enfants arrêtés en récidive. Une ordonnance du préfet, de police, en date du 20 septembre 1828, leur enjoint d’avoir, dans l’espace d’un mois, quitté le territoire français, sous peine « d’y être contraints par toutes voies de droit ». Un arrêt de condamnation, rendu par le tribunal correctionnel, le