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NUMÉRO 5


Lettre de Napoléon III au maréchal Vaillant, ministre des Beaux-Arts et de la Maison de l’Empereur.


Vichy, le 31 juillet 1864.
Mon cher maréchal,

Je viens vous faire part d’une réflexion qui m’est survenue pendant le repos dont je jouis ici. Deux grands établissements doivent être reconstruits à Paris, avec une destination bien différente : l’Opéra et l’Hôtel-Dieu. Le premier est déjà commencé ; le second ne l’est pas encore. Quoique exécutés, l’Opéra, aux frais de l’État, l’Hôtel-Dieu, aux frais des hospices et de la Ville de Paris, tous deux ne seront pas moins, pour la capitale, des monuments remarquables ; mais, comme ils répondent à des intérêts très-différents, je ne voudrais pas que l’un surtout parût plus protégé que l’autre.

Les dépenses de l’Académie impériale de musique dépasseront malheureusement les prévisions, et il faut éviter le reproche d’avoir employé des millions pour un théâtre, quand la première pierre de l’hôpital le plus populaire de Paris n’a pas encore été posée.

Engagez donc, je vous prie, le préfet de la Seine à commencer bientôt les travaux de l’Hôtel-Dieu, et veuillez faire diriger ceux de l’Opéra de manière à ne les terminer qu’en même temps. Cette combinaison, je le reconnais, n’a aucun avantage pratique ; mais, au point de vue moral, j’attache un grand prix à ce que le monument consacré au plaisir ne s’élève pas avant l’asile de la souffrance.

Recevez, mon cher maréchal, l’assurance de ma sincère amitié.

NAPOLÉON.