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avec le bon docteur Hergt : « Il faut s’en faire aimer. » La science aliéniste est-elle bien certaine de ne point être engagée dans une voie sans issue et de ne pas prendre les apparences pour la réalité ? S’épuisant à regarder les phénomènes extérieurs de la folie, elle ne voit plus qu’eux ; elle s’ingénie à mille divisions minutieuses et détaillées ; n’a-t-elle pas étudié la variété de l’aliéné déchireur, comme si les fous, en accès de délire aigu, n’avaient pas une propension souvent invincible à lacérer tout ce qui tombe sous leurs mains ? Il ne s’agit plus aujourd’hui de dire comment procède la folie, ce qui est relativement facile ; il s’agit de déterminer d’où elle procède, où gît la lésion qui l’a fait naître, quel est le point spécial qui est atteint. En un mot, il faut découvrir la cause et ne point se contenter de constater les effets.

La question est fort importante, on ne saurait la serrer de trop près. En reprenant la classification d’Esquirol, on peut dire que la lypémanie, la monomanie, la manie, la démence, l’idiotie, sont les cinq modes d’être de l’aliénation ; mais où siège le principe morbide ? Dans l’encéphale, dans la moelle épinière, dans les grands nerfs ? C’est là cependant ce qu’il faut savoir, sinon la science se complaisant à des nomenclatures ingénieuses, à des observations plus ou moins intéressantes, restera immobile et n’atteindra qu’imparfaitement le grand but qu’elle doit toujours poursuivre : le soulagement et la guérison des malades. Sous ce rapport, on a beaucoup à faire encore ; mais le microscope qui, entre les mains de Virchow et de Charles Robin, est devenu un instrument d’investigation d’une puissance illimitée, indiquera sans doute un jour à quelle partie lésée de notre organisme on doit attribuer telle ou telle forme de délire. On peut être certain que l’Académie des sciences appuiera de son influence toute étude entreprise pour