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tiles ennemis, qui s’adressèrent à l’asile Sainte-Anne, dont les pensionnaires lâchés à travers la ville n’auraient pas produit un meilleur effet que leurs voisins de la prison ; mais les aliénés n’y étaient pas seuls, car l’asile se doublait d’une ambulance militaire inutilement protégée par le drapeau de la convention de Genève.

Quoi qu’il en soit de ces faits, qui appartiennent à l’éternelle histoire de la folie humaine, l’ancienne ferme où Ferrus était si heureux d’envoyer travailler ses aliénés est aujourd’hui un vaste établissement aménagé de façon à contenir facilement 600 malades. Le jour où Je l’ai visité, il en renfermait 525, soignés par quatre médecins, dont un seul est résidant, surveillés, aidés, servis par 120 personnes, dont 50 sœurs de Marie-Joseph. Le directeur, un homme fort expert, qui a meublé, outillé, organisé l’asile, appartient à l’ordre exclusivement administratif.

C’est à Sainte-Anne, avons-nous dit, qu’on amène les aliénés expédiés par l’infirmerie spéciale située près du Palais de Justice. On les garde provisoirement et on les distribue, selon les vacances, dans les quartiers de l’asile même, à la Salpêtrière, à Bicêtre, à Ville-Évrard ou à Vaucluse. Dans ce dernier cas, on les envoie, escortés de gardiens, par le chemin de fer d’Orléans, à Épinaysur-Orge, où une voiture vient les chercher pour les conduire dans le plus magnifique asile que je connaisse.

C’est un domaine de 110 hectares, qui s’appelait jadis la Gilquillière ; le comte de Provence le débaptisa et le nomma Vaucluse pour plaire au marquis de Crussol, son propriétaire. Le château, qui n’est qu’une assez belle maison, existe encore et n’a pu être utilisé pour le service des malades ; il est entouré d’un parc ombreux, percé de grandes allées ; le terrain, légèrement incliné, domine le cours de la petite rivière d’Orge, et la vue que l’on embrasse du sommet des vertes hauteurs semble