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et de ne leur adresser que des paroles de violence. Pour reconnaître la phrénésie, qui est « un érysipèle intérieur du cerveau ». il indique un procédé fort simple : appliquer sur la tête de la craie délayée dans de l’eau ; là où la pâte séchera, là est le siège du mal. Ce n’est pas par de tels moyens qu’on pouvait remédier à ces affections mentales qui se répandent avec le caractère d’épidémies et envahissent des pays entiers.

Vers 1435, on découvre tout à coup que les habitants du pays de Vaud adorent le diable, lui jurent obéissance et se nourrissent de nouveaux-nés non encore baptisés. La torture aida singulièrement aux aveux de ces démonolâtres, et les bûchers flambèrent si bien que la contrée devint déserte. Dans les dépositions citées par Nider dans son Malleus maleficorum, on voit apparaitre pour la première fois cette fameuse graisse des sorcières qui plus tard aura tant d’importance dans les procès pour cause de magie, onguent diabolique dont il suffit de se frotter le soir pour être initié à tous les mystères des royaumes inférieurs et pour assister aux fêtes du sabbat. Il est certain que la médecine des « bonnes femmes » était fort en vogue à cette époque, que les plantes abortives étaient connues et qu’on n’ignorait pas que certaines solanées troublent l’imagination jusqu’à donner le délire et à produire la folie artificielle. Ce que tout le monde sait aujourd’hui était alors un secret qu’on se transmettait en tremblant à l’oreille ; le datura stramonium, la belladone, la mandragore, plantes vénéneuses, mortelles à haute dose, consolantes à dosage modéré, stupéfiantes ou excitantes selon le tempérament particulier de celui qui en fait usage, ont dû être employés souvent pour amener l’esprit à des hallucinations dont le souvenir gardait tous les caractères de la réalité[1].

  1. Au commencement du dix-septième siècle, Gassendi a connu dans le