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core plus évidemment lorsqu’on sait à quelles obsessions le directeur est en butte dès qu’il se produit une vacance dans le bâtiment Saint-Félix. Cette construction dépendait sans doute de l’ancienne Force ; c’est là que fut enfermée la comtesse de Valois-Lamotte ; c’est là que, dans son désespoir, elle se plaçait en hiver à demi nue sous une fontaine ouverte ; c’est de là qu’elle s’est sauvée en juin 1787, un an après son incarcération, sans qu’on ait jamais su, sans qu’on sache positivement encore aujourd’hui qui favorisa son évasion[1]. Ce bâtiment est un carré long entourant un petit jardin ; si l’on en croit un rapport de M. de Pastoret, il contenait jadis deux dortoirs qu’on a coupés par des refends, et qu’on a divisés en soixante-huit chambrettes moins grandes que bien des cellules de prison. Il faut avoir donné l’exemple d’une conduite irréprochable, ou être appuyé par des recommandations sérieuses, pour obtenir la jouissance d’un de ces cabanons ; on les réserve ordinairement pour l’aristocratie de la Salpêtrière, pour les pensionnaires que des malheurs inattendus ont réduites à la triste condition de demander un suprême asile à l’Assistance publique.

Les privilégiées de Saint-Félix reçoivent de l’administration un lit, deux chaises, une commode et une armoire ; elles sont libres d’arranger à leur guise ce réduit qu’avec tant d’orgueil chacune d’elles appelle « ma chambre ». On met des rideaux en perse à la fenêtre et autour du lit, on colle un papier gai sur la muraille, on accroche à côté de la croisée des portraits photographiques, on installe le chat familier sur un coussin, on a dans une cage quelques oisillons, serins

  1. La solution de ce problème était fort probablement aux archives de la Préfecture de police, dans deux cartons intitulés : Affaire du Collier et qu’on ne communiquait pas. Ces précieux documents, qui contenaient, dit-on, la vérité sur un point si controversé de notre histoire, ont été détruits lors de l’incendie de la Préfecture de police, en mai 1871.