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Dans les cas d’épidémie, c’est à Bicêtre et à la Salpêtrière que l’Assistance demande secours ; on profite des vastes dimensions de ces deux établissements pour y installer des malades. Pendant la contagion variolique qui, dans l’été de 1870, a sévi sur Paris, on avait organisé un service de varioleux à la Salpêtrière, dans des bâtiments condamnés à tomber bientôt, et un service de convalescents à Bicêtre. Ce n’est pas la place qui manque, car si Bicêtre rappelle une petite sous-préfecture, la Salpêtrière ressemble à une sous-préfecture de première classe. C’est vraiment une ville. Elle s’étend sur une superficie de trente et un hectares (308 821 mètres), et comprend quarante-cinq corps de logis recevant le jour de 4 682 fenêtres. La population de la Salpêtrière au 31 décembre de l’année 1869 était de 4 551 âmes. C’est, du reste, croyons-nous, le plus grand hospice connu dans le monde entier.

Dans les hôpitaux ordinaires, c’est le portier qui est cantinier et qui débite aux pensionnaires les denrées autorisées. Ici, il ne peut en être de même, la population est trop considérable ; aussi, en dehors d’une cantine générale, qui ne diffère que bien peu de celle de Bicêtre, a-t-on été obligé d’ouvrir, à l’intérieur même de la maison, un véritable marché, où l’on rencontre des fruitiers, des épiciers, un café, des marchands de tabac. J’ai vu là quatre ou cinq vieilles femmes qui fumaient gravement leur pipe. Comme je m’approchais, elles se sont levées en me faisant le salut militaire, et j’ai reconnu d’anciennes vivandières de régiments. Il est dans le marché une boutique qui, plus que toute autre, est constamment en activité, c’est celle de la blanchisseuse, qui, malgré les nombreuses ouvrières qu’elle emploie, ne parvient pas à satisfaire toutes « ses pratiques », tant elle a de fichus et de bonnets à blanchir, à repasser, à plisser, à tuyauter, à godronner. La co-