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lité, et qu’il faut faire un certain effort de raisonnement pour ne pas demander aux surveillants de vous conduire à la cellule où la maîtresse de Desgrieux fut si cruellement enfermée, et où elle cachait « ce teint de la composition de l’amour » sous l’humble cornette des prisonnières.

Cette inévitable impression s’efface vite à l’aspect de vieilles femmes assises sur les bancs, et l’on comprend aussitôt que l’hospice a perdu le caractère de maison correctionnelle qu’il gardait encore au siècle dernier. C’était, dit un rapport adressé au cardinal de Mazarin, un grand emplacement de dix-huit à vingt arpents dans lequel il y avait divers corps de bâtiment de trente ou quarante toises de long, en forme de grange où se faisait le salpêtre, et d’autres où il y avait une fonderie et quelques lieux propres à des magasins. » On l’appelait communément le petit arsenal ; l’édit royal du 27 avril 1656 en fit don à l’administration de l’Hôpital général, et décida qu’il serait mis en état de recevoir les mendiants.

La Salpêtrière et Bicêtre semblent avoir été faits pour une destinée commune. Comme l’hospice de la vieillesse (hommes), l’hospice de la vieillesse (femmes) a contenu une population où tous les éléments se trouvaient confondus. Tenon, dans son rapport de 1788, dit qu’on y rencontrait « des femmes et des filles enceintes, des nourrices avec leurs nourrissons, des enfants mâles depuis l’âge de sept à huit mois jusqu’à celui de quatre à cinq ans, des jeunes filles de tout âge, des vieilles femmes et des vieillards mariés, des folles furieuses, des imbéciles, des paralytiques, des épileptiques, des estropiés, des teigneuses, des incurables de toute espèce, » tout cela pêle-mêle. Il s’y trouvait même des femmes atteintes d’écrouelles, car à cette époque la vertu miraculeuse s’était retirée de nos rois,