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maison si peuplée, une cause essentielle de tranquillité et de bonne tenue, encourage le plus qu’elle peut les pensionnaires au travail. Elle a des ateliers de tailleurs où se font les raccommodages de la maison, des ateliers de cordonnerie où l’on fabrique les chaussures ordinaires et même les chaussures orthopédiques qui sont commandées par le bureau central des hôpitaux, et des ateliers de tapisserie où l’on ne répare, à proprement parler, que les matelas, les sommiers et les traversins. Tous les ouvriers, dirigés par un surveillant contre-maître, appartiennent au personnel de la maison, et sont pris indistinctement parmi les indigents, les épileptiques et les aliénés.

On a réservé le rez-de-chaussée de l’ancienne Force pour les corps d’état isolés qui ont besoin d’un outillage spécial. Une très-vaste salle est divisée en un grand nombre d’échoppes, qui servent d’ateliers particuliers aux indigents valides ; c’est une faveur très-recherchée d’être admis dans cette espèce de bazar, où l’emplacement, variant de 1 métre 70 à 5 mètres, est loué en raison de 50 centimes à 1 franc 50 par mois. On y gratte la corne, on y polit le papier, on y roule des carcasses de pétards, on y enfile des perles, on y prépare des mèches de veilleuse, on y tourne des ronds de serviette, on y enlumine des gravures communes ; dans des baguettes de châtaignier, on taille des faussets destinés à oblitérer les trous que les marchands de vin et les employés de l’octroi font d’un double coup de forêt aux tonneaux dont ils veulent goûter le contenu. Chacun arrange son échoppe à sa guise ; il en est peu qui ne soient ornées d’un fragment de miroir.

Les infirmes, les impotents, ceux qui ne peuvent quitter leur lit, mais qui ont conservé le libre exercice de leur main, obtiennent la permission de travailler dans les dortoirs ; on a été obligé de limiter les autorisations