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45 sous-inspecteurs, par 294 médecins rémunérés, par les curés et par les agents du pouvoir municipal. Le nombre de ces malheureux, élevés, soutenus, protégés par l’Assistance publique est considérable. En 1869, il était de 25 486, dont 16 845 âgés d’un jour à 12 ans, et 9 001 de 12 à 21 ans ; sur ce total, on compte 13 116 garçons et 12 370 filles.

L’hospice n’est, en réalité, qu’un lieu de dépôt essentiellement transitoire ; l’enfant qu’on y apporte part avec une nourrice aussitôt que sa santé lui permet de supporter le voyage, et il n’y revient que dans des cas de maladie fort grave, lorsque les soins qu’il reçoit au dehors sont insuffisants, ou lorsque son esprit d’insubordination réclame une discipline plus sévère. On hâte autant que possible le départ de l’enfant pour la campagne, car on a reconnu que le séjour de l’hospice lui était funeste. C’est depuis 1861, à la suite de douloureuses expériences constatées, que l’on s’est arrêté à ce parti qui, jusqu’à présent du moins, a donné de bons résultats[1].

Quelle que soit la surveillance exercée sur les nourrices, elle ne peut être incessante, et il est bien difficile d’apprendre à des filles de la campagne, imbues par tradition des idées les plus sottes et les plus antihygiéniques, qu’il ne faut pas bourrer les nourrissons d’aliments solides auxquels leur très-faible estomac est rebelle. Combien parmi ces créatures ordinairement rapaces et stupides n’en existe-t-il pas qui, aujourd’hui encore, tout comme au temps de J.-J. Rousseau, pendant

  1. Il est facile d’en juger en comparant les chiffres suivants : en 1858, l’hospice admet 5 322 enfants et en perd 1 211 ; en 1859, les admissions sont de 5 368 et les décès de 1 035 ; — en 1868, sur 5 603 enfants ayant séjourné à l’hospice, il en meurt 442 ; en 1869, les entrées s’élèvent à 6 009, et les décès ne comptent que pour 495. C’est là un progrès très-sensible qui donne en moyenne une mortalité de 7,89 pour 100 ; celle qui frappe les enfants envoyés à la campagne est plus considérable : sur 21 147, il en est mort 1 785, c’est-à-dire 8,45 pour 100.