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plus porter que la livrée de l’hôpital ; s’il meurt, celui-ci hérite de ses hardes, à moins qu’elles ne soient réclamées par sa famille ; comme on l’a vu plus haut, elles serviront à habiller un indigent. Tous ces vêtements, qui bien souvent ne sont que des guenilles, sont réunis dans un vestiaire spécial ou empaquetés isolément dans des serpillières ; ils sont étiquetés après avoir été secoués, lavés, savonnés, soufrés, désinfectés de tout germe de contagion et purgés des parasites qui les habitaient. Cet usage hygiénique est fort ancien et remonte peut-être aux origines mêmes de l’Hôtel-Dieu. Le vestiaire s’appelait autrefois la pouillerie, du latin pullum, avec le sens de vêtement. Dans le Livre de la Vie active, dont j’ai rappelé une miniature, on lit : « Et adoncques Pénitence hucha une de ses seurs nommée Desplaisance, pouillère de la Maison-Dieu, qui les malades despouille de leurs vielz et salles vestements et les porte à Compunction, maistresse de la grant lavenderie, qui les blanchit et nettoye en lexive. »

Le costume réglementaire est fort simple : une capote en drap bleu et le classique bonnet de coton ; les femmes ont un jupon, une casaque de molleton, et portent une coiffe de cotonnade blanche ornée d’une petite garniture plissée. Certes, c’est là une bien modeste coiffure, mais lorsqu’elles se savent ou se croient jolies, elles trouvent moyen, surtout à Lourcine, de donner à cette espèce de cornette toutes les formes imaginables, dont quelques-unes sont vraiment charmantes de crânerie et d’imprévu.

Au montant de chaque lit est fixé un cadre in-octavo dans lequel on glisse une feuille formulée, qui est le bulletin particulier du malade. D’un coup d’œil on y voit son nom, son état civil, la date de l’entrée, s’il a été vacciné et revacciné avec ou sans succès, le nom, l’état, le siège, les variétés, la date de la maladie ; plus tard,