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leur poste dans leur service respectif, où de minute en minute on apportait les blessés. Dupuytren avait organisé une ambulance volante au pied même de la butte Chaumont, où l’engagement fut très-vif. À Saint-Louis, la mitraille et les boulets balayaient les cours où Ruffin, Béclard et Richerand faisaient leurs opérations. Ce jour-là, 10 864 blessés furent conduits dans les hôpitaux de Paris et y reçurent tous, sinon des soins, du moins un asile. L’administration de la guerre quitta Paris le 31, laissant à la préfecture de la Seine la direction des hôpitaux militaires.

On n’était pas à bout de peine. Dès leur entrée à Paris, les alliés demandent 6 000 lits ; ils étaient les maîtres et parlaient comme tels, il fallut obéir. Le lendemain, nouvelle réquisition de 6 000 autres lits ; ce fut encore le Parisien qui fournit sans murmurer toute la literie qu’on réclamait ; il ne fallut pas plus de sept jours pour que les 12 000 lits exigés fussent prêts et mis à la disposition des coalisés. En un seul jour, la population assistée par les hôpitaux s’éleva à 31 000 individus. La boulangerie générale fournissait le pain à tous, et la pharmacie centrale ne laissa pas un seul malade manquer de médicaments. On pourrait imaginer que les membres du conseil des hospices, épuisés par un travail surhumain, trouvèrent la tâche au-dessus de leurs forces : on se tromperait ; l’humanité parla plus haut dans leur cœur, et non contents d’avoir à soigner cette armée de blessés aux multiples besoins desquels il fallait pourvoir, ils chargèrent un des leurs (M. Delalande) et M. Serres, inspecteur des élèves de l’Hôtel-Dieu, d’aller recueillir entre Paris et Meaux les soldats abandonnés. En six jours ils découvrirent et ramenèrent 9 512 Français et étrangers, auxquels il faut ajouter 11 400 malades que les hôpitaux situés entre Meaux et Troyes évacuèrent sur Paris. Si l’on additionne ce que