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projet, car il fut aussitôt abandonné que conçu. Le préfet de la Seine, qui, comme chef de la cité, avait en tout ceci une responsabilité considérable, offrit au conseil des hospices de lui livrer les abattoirs du Roule, de Montmartre et de Ménilmontant, dont la construction, ordonnée par les décrets impériaux du 9 février, du 19 juillet 1810 et du 24 février 1811, n’était pas encore terminée. On accepta avec empressement, et l’on se mit à l’œuvre avec une activité que les circonstances stimulaient singulièrement. En moins de huit jours, ces grandes bâtisses, qui n’étaient que des chantiers pleins de pierres de taille, furent disposées de telle sorte que 4 000 malades y furent installés, et lorsque le calme se rétablit, on constata avec surprise que la mortalité avait été bien moins pesante dans ces sortes d’ambulances, nécessairement aménagées d’une façon imparfaite, que dans les hôpitaux les mieux organisés.

Les blessés ennemis commençaient à affluer, à la suite des combats de Craonne, de Soissons, de Laon ; c’est pour eux que l’on gardait les places que la mort bien plutôt que la guérison faisait dans les hôpitaux, où l’on ne recevait plus guère les indigents civils. Les comités de bienfaisance en étaient d’ailleurs chargés et les faisaient traiter à domicile. Dans les cours de l’hôpital Saint-Louis, de la Salpêtrière, on fit élever des baraques de façon à pouvoir abriter 10 000 ou 12 000 individus. On avait cru par ces mesures aller au-devant de toutes les exigences, car on n’avait pas prévu que l’ennemi, nous dérobant ses marches, allait apparaître devant Paris, livrer bataille et occuper la capitale de la France. À la veille du combat suprême, le conseil des hospices fit couvrir de matelas et de paille les vestibules, les corridors, le plancher des hôpitaux et des églises ; le 30 mars, à cinq heures du matin, les chirurgiens, les médecins, accompagnés de leurs élèves, étaient à