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tations superflues ; avant tout autre soin, ils regardent par où le meurtrier est entré, par où il a pu fuir, de quelle façon il a accompli le crime, quel vol il a commis. Lorsque le chef du service de sûreté, qui à cette époque était M. Allard, eut vu le cadavre de la duchesse de Praslin effroyablement mutilé, il dit à M. Gabriel Delessert, anéanti d’émotion : « Ça, monsieur le préfet, c’est un coup d’amateur. » Ce seul mot contenait toute la révélation du drame.

Pour aller à ces expéditions, où leur vie est à la merci de gens violents, n’ayant plus rien à craindre, souvent exaspérés, on peut croire que les inspecteurs sont armés ; on se tromperait. Les criminels qu’ils doivent arrêter appartiennent à la justice, et ils mettent un certain point d’honneur à les lui livrer intacts, sains et saufs. Il y a des horions de temps à autre, ceci n’est point douteux ; mais les agents ont une telle habileté pour saisir un individu, paralyser ses moyens d’action, pour l’emballer, comme ils disent, qu’il est bien rare qu’ils aient à déployer leur force. Ils ne portent ni canne, ni bâton, qui ne serviraient qu’à les embarrasser, mais chacun d’eux a dans sa poche un cabriolet et une ligotte. Le cabriolet est une corde longue environ de 25 centimètres, faite de cette corde spéciale qu’on appelle le septain, parce qu’elle est composée de sept brins tordus ; elle est munie de trois nœuds, et chacune des extrémités est fixée à un bout de bois qui a exactement la forme d’un manche de vrille. On entoure le poignet droit de l’individu arrêté, et l’on tient à la main les deux manches, de manière à pouvoir serrer à volonté et à faire cabrioler tout récalcitrant trop rétif. La ligotte est également une corde très-solide, mais sans nœuds et assez longue pour pouvoir ficeler les bras et les jambes d’un homme qui résisterait violemment. Ils n’ont point d’autre arsenal quand ils vont à la bataille. Du reste, je dois