Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tellement importantes, qu’il est utile de les indiquer. Autrefois le soin de s’emparer des criminels appartenait à la gendarmerie, à la troupe, à des agents de police dont les fonctions mal définies étaient utilisées au hasard des circonstances. Ce système était déplorable et laissait circuler publiquement dans les rues bien des malfaiteurs impunis. Ce fut Vidocq qui le premier, en 1817, sous la préfecture de M. d’Anglès, organisa la brigade de sûreté ; mais on obéit alors et pendant longtemps à cette idée fausse que, pour bien connaître les criminels, il était nécessaire de l’avoir été soi-même.

Malgré sa jactance, son insupportable vanité et ses antécédents désastreux, Vidocq obtint des résultats considérables et mit entre les mains de la justice bien des bandits qu’on cherchait en vain depuis de longues années. Ce qui souffrait le plus de cet état de choses anormal, c’était l’action même de la justice. Vidocq était un galérien gracié ; il faisait sa police à l’aide de forçats tolérés en liberté. Quand ces agents déposaient en cour d’assises, les accusés les interpellaient et leur rappelaient qu’ils avaient fauché au pré ou buté un homme ensemble. Les témoins ne valant pas mieux que les malfaiteurs, le jury hésitait et les avocats avaient beau jeu. Vidocq n’était même pas installé à la Préfecture de police ; il avait établi son repaire, c’en était un, dans la petite rue Sainte-Anne, qu’on appelle aujourd’hui la rue Boileau ; ouverte sur le quai des Orfèvres, elle aboutissait alors par un passage vitré dans la cour de la Sainte-Chapelle.

À Vidocq, remercié en 1827, succéda Coco-Latour, un chevalier grimpant (voleur au bonjour), qui s’était fait une certaine célébrité par sa hardiesse. Les mêmes errements continuèrent, et des voleurs éhontés furent chargés de surveiller leurs acolytes. Les mauvais côtés, l’immoralité révoltante d’un pareil système frappèrent