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Le nombre des vagabonds, des mauvais sujets incorrigibles que les sergents de ville ramassent tous les soirs et consignent dans leurs postes est considérable, car les rondes qu’ils sont obligés de faire sont combinées d’une façon très-ingénieuse. Le quartier dévolu à leur surveillance est divisé en zones déterminées qui doivent être incessamment visitées par eux. Ils vont deux à deux, marchant sur les trottoirs et parfois s’enfonçant tout à coup dans une ombre portée où ils restent immobiles, guettant autour d’eux et prêts à courir où leur présence est nécessaire ; dans les endroits mal habités, fréquentés par les vide-goussets et les coupeurs de bourse, dans les parages des maisons en construction, des terrains vagues qui offrent de faciles abris aux chercheurs d’aventures, la petite patrouille des deux hommes est ordinairement précédée par deux agents vêtus en bourgeois, dont le costume ne donne pas l’éveil ; ce système produit de bons résultats et permet parfois de faire des captures importantes. Tout fait anormal remarqué par les hommes de ronde est inscrit au livre des rapports. La collection de ces documents, si, comme il faut l’espérer, elle est conservée avec soin, sera plus tard une lecture des plus curieuses et donnera l’histoire de Paris heure par heure et minute par minute.

Indépendamment des 3 864 sergents de ville répandus dans Paris, il existe à la préfecture même une réserve formée de cinq brigades dites centrales, composées de cinquante hommes chacune, et qu’on a surnommées les vaisseaux, parce que ceux qui en font partie, au lieu des numéros et des lettres d’ordre, portent les armes de la ville brodées au collet[1]. Ces agents sont employés à cer-

  1. Ce nombre de 4 114 sergents de ville, qui en 1869 paraissait excessif à bien des personnes, n’a pas semblé suffisant aujourd’hui (janvier 1872). Le chiffre actuel des gardiens de la paix est de 6 000). On leur a retiré l’épée, mais on l’a remplacée par le sabre-baïonnette, le fusil chassepot, et au besoin le revolver. On leur a donné une organisation exclusivement