Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/388

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vider ces restaurants à la mode où les filles insoumises attendent, comme chez elles, qu’un soupeur les fasse appeler, et pour repousser dans les bas-fonds, dont jamais elles n’auraient dû sortir, ces créatures qui portent avec elles la démoralisation, la maladie et la ruine.

La question se pose impérieusement aujourd’hui : Laissera-t-on la prostitution insoumise nous envahir et submerger nos mœurs ? Un tel problème, facile à résoudre, si l’on veut se tenir en dehors des fausses sentimentalités et ne considérer que l’intérêt social, est de nature à préoccuper les esprits sérieux. À voir ce qui se passe, à consulter les documents irrécusables des statistiques hospitalières, on comprendra que la situation ne peut se prolonger impunément et qu’il est grand temps d’aviser.

Appendice.Le nombre des maisons dites de tolérance a encore diminué : au 31 décembre 1873, il n’était plus que de 126 : 16 pour la banlieue ; 54 sans estaminet ; 66 avec estaminet. À la même époque, l’effectif de la prostitution était de 4 603, dont il faut déduire 689 femmes détenues ou disparues depuis plus de trois mois. Le bureau des mœurs a énergiquement fonctionné, car 969 inscriptions nouvelles ont été faites dans le courant de l’année. Les visites sanitaires se sont élevées au chiffre de 108 572, et 1 880 filles soumises ont traversé l’infirmerie de Saint-Lazare. Les filles insoumises ne sont pas plus réservées qu’autrefois ; elles sont plus agressives que jamais. La Préfecture de police ne les ménage guère ; en 1875, elle en a arrêté 3 319, dont 1 211 reconnues malades ont été immédiatement envoyées à l’infirmerie spéciale, et dont 635 ont été inscrites.

Le siège de Paris et la Commune ont porté un préjudice grave aux refuges qui accueillent les repenties ; le compte rendu de l’œuvre des Diaconesses a constaté le péril qui a menacé la Maison hospitalière ouverte à Reuilly. « La nuit du 13 au 14 avril, les délégués de la Commune pénétrèrent dans nos établissements avec un mandat d’amener contre quelques-unes de nos sœurs, et l’intention de saisir le premier prétexte pour produire ce mandat et dissoudre l’établissement. Ils tinrent quelque temps les Diaconesses