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aux chevrons de la notoriété publique. Ce qu’il y a d’incompréhensible, c’est que ces filles sans intelligence, sans instruction, sans orthographe pour la plupart, sans ressources dans l’esprit, font leur société extérieure de ce que le monde des hommes a de plus distingué ; je dis société extérieure, car, en dessous et près du cœur, il y a un homme de basse espèce, toujours un escroc, souvent un repris de justice.

Que les jeunes gens qu’on appelle par excellence les fils de famille vivent dans cette compagnie décevante et médiocre, cela se comprend : ils obéissent à des habitudes de race ; pour eux la débauche facile et le jeu font partie de la vie élégante : s’ils se ruinent dans ces désordres de bas étage, ils savent que, grâce aux noms qu’ils portent, ils pourront réparer toute brèche faite à leur fortune en épousant la fille d’un de leurs fournisseurs enrichis ; mais il est inconcevable, pour un esprit sérieux, que les fils de la bourgeoisie les aient pris pour modèles avec tant d’ardeur, aient imité leurs sottises et soient même parvenus à les dépasser. Ceux-là n’ont pas compris que la fortune acquise par leur père devait être entre leurs mains un instrument de travail tout puissant et perfectionné ; au lieu de trouver, dans la large facilité que la vie leur offrait, un moyen de développer leurs facultés, d’acquérir ce bien suprême qui est l’intelligence fécondée par l’étude, et de s’ouvrir toutes les carrières libérales, politiques, administratives, qui donnent à ceux qui les exercent une influence primordiale sur les destinées d’un pays, ils ont profité de ce qu’ils n’étaient pas forcés de travailler pour vivre, pour vivre sans travailler ; ils ont répudié toute moralité, tout courage, toute ambition généreuse ; eux aussi, ils ont voulu entretenir des maîtresses, parier aux courses, jouer gros jeu, s’enivrer en compagnie de camarades tarés et de femmes interlopes ; dans un temps