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mauvaises mœurs à des visites sanitaires, régulières, obligatoires, et en les inscrivant. On mit la question à l’étude, et l’on peut croire qu’on procéda avec une extrême lenteur, car quatre années se passent avant que l’arrêté du 12 ventôse an X (3 mars 1802) soit rendu et mette enfin en vigueur le système des visites périodiques et préventives. À cette époque, deux officiers de santé en étaient chargés ; c’était insuffisant et presque dérisoire ; mais le principe était posé, et il n’allait pas tarder à recevoir un développement nécessaire.

Un arrêté du 1er prairial an XIII (21 mai 1805) installa un véritable dispensaire de salubrité, rue Croix-des-Petits-Champs, sous le nom de Salle de santé. Chaque fille devait s’y présenter quatre fois par mois, et acquitter mensuellement une taxe de douze livres ; cette dernière mesure était déplorable, elle éloignait ces malheureuses, qui sont généralement fort pauvres, et comme les médecins, que nul contrôle n’entravait, ne se gênaient guère pour exiger six francs par visite, le dispensaire presque abandonné ne remplissait plus aucune des conditions de garantie qui l’avaient fait ouvrir.

Savary, en arrivant à la police, fut frappé de ces inconvénients, qu’il fallait arrêter au plus vite, sous peine de voir tomber en désuétude une institution qui, dans son germe, était excellente et pouvait facilement devenir féconde en bons résultats. Il créa une comptabilité spéciale pour le dispensaire, et, enlevant ainsi aux médecins le droit de percevoir eux-mêmes la taxe, fit cesser des abus qui n’avaient que trop duré. Un commissariat particulier, installé au dispensaire le 20 août 1822, devint l’origine du service des mœurs, que M. Debelleyme organisa d’une façon définitive et sérieuse par ordonnance du 16 décembre 1828 ; à cette même époque, comprenant que l’intérêt public seul était en question, que la taxe imposée aux filles fermait la porte du