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dame richement vêtue et de haute apparence, qui n’était autre qu’une « ribaude folieuse », ainsi que l’on disait alors. Ce fut là l’origine des ordonnances somptuaires rendues contre ces misérables créatures, ordonnances que la plupart des rois renouvelèrent sans grand succès, malgré les peines excessives qu’elles éditaient contre les délinquantes. Le Châtelet lui-même usait d’indulgence à leur égard et leur faisait rendre les robes parées, les bijoux, les affiquets que les sergents avaient saisis, le plus souvent pour se les faire racheter de la main à la main.

On réussit mieux à les parquer dans certains quartiers distincts et à les y contenir, malgré la tendance envahissante qu’elles n’ont point encore perdue à l’heure qu’il est. Deux endroits qui leur furent attribués par diverses ordonnances, et, entre autres, par celle dont le prévôt de Paris fit faire « un cry », le 18 septembre 1367, sont restés célèbres ; ils formaient, au milieu de la ville et sur les confins des faubourgs, une sorte d’asile inviolable ouvert à ce que la débauche a de plus immonde et de plus violent. L’un, qui s’appelait le Glatigny, représentait au nord de la Cité, sur les bords de la Seine, vis-à-vis de la Grève, une sorte de quadrilatère s’appuyant sur la rue Glatigny, la rue des Marmousets, la rue du Chef-de-Saint-Landry, la rue des Ursins, et coupé transversalement par la rue du Milieu-des-Ursins et du Bas-des-Ursins. C’était la forteresse du vice ; et les lieux qu’elle occupait ont subsisté jusqu’à notre époque. Ils ont été profondément modifiés en 1836, lorsque l’alignement des rues du Chef-de-Saint-Landry et de Saint-Pierre-aux-Bœufs ayant été déclaré d’utilité publique, amena la création de la rue d’Arcole, qui a disparu récemment elle-même pour faire place aux constructions du nouvel Hôtel-Dieu.

Ce qui se passait là, il est plus facile de l’imaginer que