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inspecteurs généraux sont chargés de faire des visites fréquentes dans les prisons, de recueillir les plaintes des détenus, de veiller à l’observation des règlements et de consigner dans des rapports détaillés tous les faits dignes d’examen qu’ils ont pu remarquer.

Les prisons de Paris sont au nombre de huit : le Dépôt de la préfecture et la Conciergerie, dont j’ai déjà parlé précédemment ; Mazas, Sainte-Pélagie, la Santé, Saint-Lazare, la Petite-Roquette (maison des jeunes détenus), la Grande-Roquette (dépôt des condamnés). Avant de conduire le lecteur dans ces diverses maisons et de lui en montrer les détails, il faut parler des mesures générales qui accueillent les détenus au moment où ils franchissent le seuil de la prison.

Tout individu amené dans une maison d’arrêt ou de correction est provisoirement déposé dans une salle d’attente, puis il est conduit devant le greffier de service, qui, sur un registre paraphé à chaque page par le secrétaire général de la préfecture de police pour les maisons de détention, par le procureur impérial pour les maisons d’arrêt, relate minutieusement le signalement du détenu, les vêtements qu’il porte, son état civil, la transcription des actes qui ordonnent le dépôt ou la détention, la transcription du jugement, la date du commencement de la peine, l’époque à laquelle celle-ci doit prendre fin ; cette formalité s’appelle l’écrou, vieille locution, gardée intacte à travers les siècles, qui dérive d’un mot de basse latinité, scrua (de scribere sans doute), et qui signifie cédule. Dès lors, le détenu est écroué, il appartient à la prison, qui répond de sa personne, de ses faits et gestes et où il n’est plus connu ni désigné que par un numéro d’ordre, mesure délicate et prévoyante, qui permet à un homme « de faire son temps » sans que son vrai nom soit jamais prononcé. En sortant du bain qui lui est immédiatement donné, il revêt l’uniforme péni-