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milieu d’une ville aussi populeuse que Paris, la mission de la police est la plus utile et en même temps la plus ingrate qu’il puisse être donné à des hommes de remplir à travers les obstacles de toute sorte dont elle est environnée.

Appendice.Lorsque, au mois de juin 1869, j’écrivais ces lignes tristement prophétiques, je ne pensais pas que les événements leur donneraient si promptement raison. Nous avons vu Paris « livré à tous les épouvantements du vol, de l’incendie et du meurtre ».

La préfecture de police, gardienne vigilante des archives concernant les assassins et les voleurs, devait être naturellement le principal objectif des hommes de la Commune qui, pendant plus de deux mois, en ont été les maîtres et l’ont bouleversée de fond en comble. Aux derniers jours de la bataille, elle a été inondée de pétrole et allumée : les vieux bâtiments ont flambé comme paille. Seule la deuxième division (approvisionnements, navigation, voitures publiques, etc.), située place Dauphine, a échappé à l’incendie : mais bien des documents qu’elle contenait ont été dispersés ou détruits.

Des maisons où la première division, où la police municipale avaient leurs bureaux, il n’est resté que quelques moellons noircis par le feu : tous les dossiers ont été brûlés, et plus d’un incendiaire a pu se dire qu’il anéantissait les preuves de sa propre histoire. Cependant, grâce au zèle de quelques employés aidés par les habitants voisins de la préfecture, une faible partie des sommiers judiciaires et presque tous les dossiers du service des mœurs ont été sauvés. Aujourd’hui la préfecture de police occupe en partie la caserne de la Cité ; elle est reliée télégraphiquement avec certains bureaux qu’elle a été obligée de laisser près du Dépôt et à proximité des services judiciaires. Il est à désirer que les constructions qui devaient lui être consacrées et qui sont encore inachevées soient promptement terminées, afin qu’elle trouve enfin l’installation régulière, spacieuse et centralisée qui lui est indispensable.

Le premier soin de la préfecture a été de rétablir les documents qui lui sont indispensables pour remplir sa mission préservatrice ; on se mit à l’œuvre avec un courage et une persistance admirables. En vertu du décret du 5 septembre 1872, on procéda à la reconstitution des sommiers judiciaires, qui sont la mine précieuse où la justice puise ses plus sûres informations. Sous l’impulsion énergique de M. Lecour, chef de la première division, cette opération hérissée de difficultés fut entreprise ; elle est aujourd’hui terminée, et fait le plus grand honneur au chef de service et aux agents