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double et spécial caractère qui la fait si puissante et si redoutable. Elle a aussi une action occulte très-importante, et que je dois indiquer, car, par son intervention officieuse, elle rend des services qui, pour être presque toujours ignorés, n’en sont pas moins singulièrement précieux. Dans ce cas, elle agit, pour ainsi dire, comme chef de famille et dénoue les différends secrets.

Chaque jour on réclame vers elle pour des faits qui ne tombent pas sous l’application de la loi pénale ou que celle-ci ne pourrait empêcher de se produire. Parfois, et sous une forme terrible, il est un danger qu’il faut conjurer sans retard, à tout prix. Où courir ? à qui s’adresser ? À la justice ? mais ses façons de procéder, sagement lentes, ne permettent pas d’avoir recours à elle ; avant qu’elle ait libellé ses paperasses, compulsé son code, coiffé sa toque et revêtu sa toge, avant qu’elle se soit entourée de l’appareil qui doit toujours l’environner, un mal irréparable aura été commis. On vient à la police, on lui dit : Sauvez-moi ! et, à moins de difficultés insurmontables, elle sauve toujours, fût-ce son plus mortel ennemi, — elle l’a sauvé souvent, — car il est quelque chose qu’elle poursuit plus encore que ses adversaires, c’est le scandale ; elle n’en veut à aucun prix, et, partout où elle peut l’atteindre, elle l’étouffe.

M. X… a été l’amant d’une femme, mère de deux enfants et mariée à un assez haut personnage fort jaloux. Après l’avoir quittée, M. X… s’est lié avec une fille entretenue, qui vit conjugalement chez lui. Un jour qu’il est absent, la fille trouve dans un secrétaire toutes les lettres de l’ancienne maîtresse, imprudemment conservées, et immédiatement elle écrite celle-ci : « Si demain à deux heures vous ne m’avez pas envoyé 50 000 francs, à trois heures vos lettres seront entre les mains de votre mari. » La femme mariée reçoit cette sommation, ne