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rejoindre, disant que tous deux reviendront avant huit jours. Trois semaines se passent ; on s’inquiète, on prévient le commissaire de police qui, faisant ouvrir les portes et visitant l’appartement, constate sur le parquet des taches de sang et trouve un merlin ensanglanté. Un crime avait été commis, et il était fort probable que le domestique en était l’auteur ; mais quel était ce domestique ? On ne connaissait même pas son nom : il n’était au service de la victime que depuis peu, nul n’avait pensé à s’enquérir de son origine, et les renseignements fournis sur son signalement concordaient mal entre eux. On savait seulement qu’il avait fait déplacer une lourde malle par un commissionnaire. Tel était le seul point de départ pour arriver à découvrir la vérité, qui avait grandes chances de demeurer impénétrable.

Immédiatement on se mit en quête du commissionnaire. On le retrouve ; ses souvenirs sont confus, mais cependant il croit se rappeler que sur la malle il a lu le nom de Châteauroux et qu’il y avait sur l’escalier de la maison deux autres caisses. On dirige immédiatement des recherches dans la ville indiquée. M. Poirier-Desfontaines y est inconnu ; mais une malle adressée bureau restant à un sieur Moreau, bijoutier, est encore en gare, car il n’existe pas à Châteauroux de bijoutier de ce nom. La malle est ouverte, l’on y trouve le cadavre de M. Poirier-Desfontaines coupé en morceaux et du linge démarqué. On fait une enquête au chemin de fer d’Orléans, elle reste sans résultat. Se rappelant que deux autres caisses avaient été vues dans la maison de la victime, et pensant que peut-être elles avaient été transportées à quelque gare, on interroge tous les commissionnaires médaillés, et, à force de préciser les questions, on en découvre deux qui se souviennent d’avoir, le 6 janvier, porté deux colis de la rue Saint-Honoré, n° 422, aux messageries de la rue Croix-des-Petits-Champs, n° 10 ;