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qui, à 750 fiches au minimum par boîte, contiennent 3 457 500 bulletins. S’il n’y avait là des merveilles d’ordre, ce serait le chaos et rien ne le dissiperait, car chaque année 160 boites et 120 000 bulletins viennent s’ajouter à l’encombrement du passé. Il y a plus d’un âne à la foire qui s’appelle Martin, dit le proverbe ; on en trouve la preuve aux casiers judiciaires. Les Martin remplissent 20 boîtes ; les Lefebvre, 16 ; les Bernard,14 ; les Leroy, 13 ; les Durand, 12 ; les Leroux et Renaud, 11 ; les Gérard, Marie, Dubois, Petit, Laurent, 10 ; c’est à s’y perdre. Lorsqu’une recherche d’antécédents est demandée sur l’un de ces noms, il faut parfois feuilleter quelques milliers de fiches et dépenser plusieurs heures avant de rencontrer l’indication réclamée.

Les plus anciennes pièces remontent à 1756 ; ce sont des registres sur lesquels on écrivait la condamnation. Cet usage, qui n’était alors que facultatif, se régularisa vers 1792 ; mais dans ces gros livres qui nécessitaient un repère, les recherches, devenant de plus en plus difficiles, risquaient de rester infructueuses. En 1832, on employa une méthode plus expéditive et l’on confectionna les premiers bulletins ; mais, avant de déposer les registres aux archives de la préfecture, on copia sur fiches et on rangea aux lettres d’ordre toutes les notices inscrites, de telle sorte qu’aujourd’hui on possède le relevé exact de chacune des condamnations prononcées en France et aux possessions françaises d’outremer depuis près de quatre-vingts ans. C’est là, mieux que partout ailleurs, qu’on découvre combien certaines âmes perverses sont réfractaires à tout repentir. Joseph Guyot, du 22 décembre 1854 au 14 novembre 1868, subit 24 condamnations ; Antonin Crozat, de 1833 à 1868, est frappé 71 fois ; Jean Hébrard, depuis le 4 décembre 1818, a été condamné à 27 ans et 5 mois de prison, à 25 ans de réclusion, et successivement à 235 ans