Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

États du pape sont d’une beauté qui laisse bien loin celle de nos billets.

Je n’ignore pas que c’est une grosse question à résoudre, et que c’est toujours un avantage de laisser à la monnaie fiduciaire l’aspect et la forme auxquels le public est accoutumé ; mais ce même public est curieux, il s’est habitué sans peine à toutes les émissions de la Banque, même à celle des billets de 200 fr., qui étaient cependant d’une laideur remarquable. Il se ferait d’autant mieux à de nouveaux billets que ces derniers seraient plus près encore de la perfection rêvée, car c’est par la perfection seule, par la perfection absolue, s’il est permis de l’atteindre dans les choses humaines, que les contrefacteurs seront définitivement et pour toujours déroutés. La Banque doit au pays, elle se doit à elle-même de créer des billets qui soient de véritables œuvres d’art, qui rassemblent toutes les difficultés que la gravure peut imaginer, et qui offrent une image d’une indiscutable beauté.

Si la Banque adoptait ce parti, si le gouverneur, prenant une haute initiative, arrivait à convaincre le conseil général qu’une refonte de tous les billets ne peut être que glorieuse pour le grand établissement qu’il dirige, si la mesure était décidée, qu’on abandonne pour n’y jamais revenir la mythologie surannée dans laquelle on va chercher des emblèmes qui maintenant sont pour faire sourire, qu’on demande à la vie moderne les nobles allégories dont elle abonde, qu’on oublie une fois pour toutes que, sous prétexte d’être catholiques, nous sommes plus païens que Julien l’Apostat, et qu’à l’aide des documents nouveaux, en se souvenant des merveilleuses découvertes qui rendront le dix-neuvième siècle plus grand que le seizième, on crée une monnaie fiduciaire qui soit aux billets actuels ce que les médailles grecques sont à nos pièces de vingt francs. Malgré le côté