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alphabet à la lettre T ; à droite en haut, et à gauche en bas, je vois le chiffre 369 : c’est le numéro d’ordre du billet, qui est le trois-cent-soixante-neuvième de la série T, 32 ; enfin au centre du billet, sur un étroit espace laissé libre par l’impression interne des filigranes, j’aperçois le chiffre 0 793 369, qui m’apprend que depuis la première émission des billets de 1 000 francs on en a tiré 793 369 avant celui que j’ai sous les yeux.

Tout billet porte donc avec lui un passe-port muni d’un signalement où l’on n’a pas oublié les signes particuliers. La lettre de série est le nom de famille ; le numéro d’ordre est le nom de baptême ; le numéro de coupure donne le rang du billet dans l’espèce générique à laquelle il appartient. Il est indispensable que le lecteur ait connaissance de ces multiples précautions, car seules elles lui feront comprendre comment toute contrefaçon est déroutée. De deux billets identiques l’un à l’autre, il y en a forcément un qui sera faux, puisque deux billets ne peuvent pas être absolument semblables : ils sont tous jumeaux, d’accord ; mais chacun, au jour de sa naissance, reçoit un trait distinctif qui empêche qu’il puisse jamais être confondu avec ses frères.

Ces combinaisons qui, malgré une extrême simplicité, opposent de très-sérieux obstacles aux tentatives des faussaires, sont, pour ainsi dire, les précautions morales dont on entoure le billet de banque à sa naissance. Il en est d’autres d’un ordre tout matériel qui concourent aussi à lui assurer une sécurité parfaite. Pour les objets d’une telle valeur, tout est à surveiller : la fabrication du papier, la planche gravée, le tirage, l’impression. Le papier sur lequel on imprime les billets sort de la fabrique du Marais, près de Coulommiers ; il est obtenu par des procédés particuliers que je n’ai point à révéler ici, dans un local exclusivement réservé au service de la Banque, sous la direction d’un commis-