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corsage, sont d’une exactitude extraordinaire, on éprouve une sorte d’éblouissement.

La façon de procéder est fort simple. La pièce à contrôler est posée au hasard sur la bigorne ; au-dessus du point exact par lequel le métal est en contact avec l’enclume, on applique le poinçon, qui est enfoncé d’un coup sec. La pièce reçoit donc une double empreinte : celle de l’image gravée sur le poinçon, celle d’une partie des mille traits qui sillonnent la bigorne, mais cette dernière image change à chaque opération : tantôt elle représente une tête de fourmi et une patte de sauterelle, tantôt la partie inférieure d’un staphylin et les antennes d’un fulgore. C’est là le vrai, l’inimitable contrôle, qui, malgré la multiplicité des variantes, appartient à un texte unique qu’on peut toujours consulter au besoin.

Il n’est personne qui, ne serait-ce que machinalement, n’ait examiné la marque d’une cuiller ou d’une fourchette. On voit alors à la face externe une marque qui a huit pans irréguliers, au milieu se dessine une tête de Minerve ayant le chiffre I placé en vedette devant le front : c’est là le poinçon du premier titre d’argent ; mais sur la face interne, précisément de l’autre côté de cette marque, on aperçoit des traces qui paraissent indécises, irrégulières, et ressemblent à une écorchure du métal : c’est la trace de la bigorne. Qu’on examine attentivement, et l’on reconnaîtra des portions d’insectes et peut-être une lettre ou deux de la légende inscrite entre eux. Les poinçons et la bigorne de la garantie, gravés en 1858, n’ont point été modifiés, car nul instrument de précision n’offrirait une plus sérieuse sécurité.

De même que les monnaies ne peuvent circuler qu’après avoir reçu la triple consécration de l’effigie, de la tranche et du revers, de même les objets d’or et d’argent ne doivent être livrés par le commerce qu’après