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enlever et manœuvrer sans trop de gêne des sacs pesant 80 kilogrammes.

Tout le tabac sorti des cases est réuni dans la salle des mélanges, où 400 000 kilogrammes de poudre à priser peuvent trouver place. Là tous les tas séparés sont jetés les uns sur les autres et mêlés de façon à donner de l’homogénéité à ce qu’on appelle une fabrication. Dans cette masse, où les éléments des cases différentes sont absolument confondus ensemble, un échantillon est prélevé au hasard et porté au laboratoire, où l’on s’assure que toutes les qualités requises s’y rencontrent. Lorsque l’expérience a prononcé et qu’elle est favorable, le tabac est emballé après avoir été tamisé de nouveau, afin que les parties grumeleuses qui se sont formées pendant la période de fermentation soient pulvérisées.

Le tabac est mis dans des tonneaux où, comme le raisin dans une cuve de vendange, il est foulé par un homme qui le piétine et le tasse à l’aide d’un pilon de fer. Est-ce enfin terminé et va-t-on pouvoir le livrer au commerce ? Pas encore, il faut qu’il séjourne deux mois entre les douves, qui, le pressant de toutes parts, permettent aux molécules d’acquérir le plus haut degré de saveur possible. En nous résumant, si nous nous rappelons que la feuille récoltée reste dix-huit mois dans les magasins ; que, coupée en gros, elle a été six mois aux masses ; que, pulvérisée, elle a eu deux mois de cases comme râpé sec, un an comme râpé humide, et qu’elle demeure en tonneau deux mois comme râpé parfait, nous voyons qu’il ne faut pas moins de trois ans et quatre mois pour faire une prise de tabac.

Ce qui permet à l’État de donner une incontestable supériorité à sa fabrication en cette matière, c’est qu’il opère sur des quantités énormes, dont l’amoncellement seul, en dehors des excellents procédés mis en œuvre,