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malsains qu’elle contient, tout en lui conservant une saveur recherchée ; on a délivré les hommes de travaux rebutants et pénibles ; les chevaux aveuglés qui tournaient le manège sont remplacés par les machines à vapeur ; l’analyse chimique a découvert les principes nutritifs particuliers que le tabac demande à la terre ; on marche à coup sûr, éclairé par des théories que la pratique a vérifiées, et l’on est dans une voie d’amélioration constante que rien ne paraît devoir interrompre.

Il ne faut pas croire que les élèves soient aptes à rendre beaucoup de services aux manufactures lorsqu’ils sortent de l’École polytechnique. Dans ce dernier établissement ils ont surtout appris à apprendre, ils ont acquis un instrument de travail général qui a besoin d’être développé et spécialisé. De même qu’il faut passer deux années à Metz, à l’École des ponts et chaussées ou des mines, avant de pouvoir faire creuser une tranchée ou construire un pont, il faut, avant d’être admis au grade d’ingénieur aux tabacs, rester pendant deux années à l’École d’application ou, comme on dit, au laboratoire. Il suffira de rappeler que Gay-Lussac a dirigé ce laboratoire pour faire comprendre à quels hommes élevés dans la hiérarchie des sciences on le confie généralement.

L’École d’application pour les tabacs n’a rien des somptuosités des Écoles des mines et des ponts et chaussées ; elle est fort modestement installée dans le grossier bâtiment qui jadis contenait la pompe à feu du Gros-Caillou[1]. Les dépenses exigées n’ont rien de considérable et ne sont guère en rapport avec les 180 millions que les tabacs rapportent annuellement. Le ma-

  1. Sous la première Restauration, la pompe à feu renfermait une piscine chaude où l’on pouvait se baigner, et qui fut d’abord réservée aux pages de Louis XVIII ; plus tard, elle devint publique, et disparut quand on construisit la façade de la manufacture.